On ne l’avait pas vue venir celle-là!Quant à sainte Geneviève, elle lui tournait délibérément le dos.
L’histoire du pont de la Tournelle fait penser très fort au fameux sketch de la visite du château de Jacques Dufilho, dont la chapelle avait été entièrement, et plusieurs fois, détruite, brûlée et saccagée, mais que l’on visitait toujours. Le premier pont construit à cet endroit, ou du moins le premier dont on parle, le fut en bois, simple passerelle donc que les crues emportèrent bientôt. Le second, toujours en bois, fut emporté également quelques années plus tard, mais par les glaces cette fois. Comme on avait décidé de lotir l’île Saint Louis et que rien ne peut arrêter un bon projet immobilier, un pont sérieux devenait indispensable pour permettre à ses nouveaux habitants de gagner le quai saint bernard. Ce fut un certain Christophe Marie qui le rebâtit, en pierre cette fois. Six arches furent nécessaires pour résister aux flots tumultueux. Cela génait bien un peu la navigation fluviale, mais il résista mieux que ses précécesseurs, et il fallut attendre la crue de 1910 pour lui faire entendre raison. Le courant déchaîné lui infligea ce que les architectes nomment joliment des désordres. On dut le détruire en 1918 et on se résigna donc au béton. Les architectes, Pierre et Louis Guidetti, eureut le bon goût de le parer de pierres de taille et le sculpteur Paul landowski plaça sur son unique pile une statue de sainte Geneviève. Depuis, la patronne de Paris veille sur les destinées du pont de la Tournelle.
© gérard Laurent pour ParisCool, les photos de Paris
La rue Galande, il y a bien longtemps, reliait Lutèce à Fontainebleau. C’est dire si cette voie est ancienne. Et cette petite maison au vert impérieux a l’air elle aussi très ancienne. Mais en consultant les annales des délibérations du conseil municipal de Paris, on apprend toutefois que les 7.5 m2 au droit du 75 rue Galande appartenaient à la ville et n’ont été cédés au propriétaire qu’en l’an 2000, avec les droits sur le mur mitoyen.
Alors? Les actes qui officialisent les droits de chacun entre domaine public et domaine privé sont une chose, la réalité quotidienne et parfois fort ancienne en est une autre. Atget nous en donne la preuve avec cette autre photo de 1899 montrant la petite maison avec les mêmes colombages et toujours sur l’emprise publique au coin de deux immeubles. On y vendait des fruits et légumes.
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Rue populaire, marché quotidien, terrasses familiales, touristes enchantés de pouvoir se mêler à ce petit monde mystérieux et accueillant, la rue Mouffetard semble réussir ce difficile pari de mélanger les habitants du quartier et ses visiteurs avec le sourire.
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Quatre musiciens au coin d’une rue, des passants qui s’attroupent et marquent la cadence, un couple qui s’élance… La magie d’un petit coin de Paris qui revit : c’est le matin rue Mouffetard. Avez-vous vu cette robe qui se gonfle comme celle des derviches tourneurs?
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Cette petite rue qui relie le quai Saint Michel à la rue de la Huchette, est dite la plus étroite de Paris, bien que le sentier des marisiers dans le douzième arrondissement lui dispute ce titre de gloire avec ses 90 centimètres. Mais ce dernier n’est qu’un sentier et pas une rue, alors l’honneur est sauf, n’est-ce pas? Etroite donc, avec ses 1,80 m, un décret du 29 nivôse an VIII a fixé sa largeur minimale à 7 mètres. Seul l’immeuble qui borde le coin nord du quai saint Michel respecte aujourd’hui ce règlement. Pour les autres, on attendra leur démolition et, avouons-le, nous ne sommes pas très pressés. Quant au nom du chat qui pêche, il vient de l’enseigne d’un commerce installé dans la rue et aujourd’hui disparu. La photo de Marville de 1868 montre un bout de mur avec un dessin de chat, peut-être celui-là. On y voit aussi les vestiges de la barrière qui fermait la rue.
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La discussion était serrée, ce soir là, au comptoir du Verre à Pied.
Les comptoirs auxquels on s’accoude pour boire un verre sont de formidables révélateurs d’opinions tranchées et de sentences péremptoires. On devrait les déclarer d’utilité publique. Il est si bon, parfois, de laisser l’eau tiède et les bons sentiments de côté avant de sourire et de finir son verre en clignant un oeil complice à son compère du moment. Comme les parties de cartes et de pétanque, les discussions de comptoir sont de magnifiques occasions de cultiver l’amitié à grands renforts de mauvaise foi. Quel plaisir!
Je vous conseille ce comptoir là, en plein quartier latin : Le Verre à Pied, au 118bis rue Mouffetard Paris 5ème. Affutez vos arguments.
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Dimanche après-midi, en plein quartier latin, la rue Mouffetard semble reprendre son souffle. Quelques touristes déambulent encore, mais on sent bien que le coeur n’y est plus. Pour quelques heures le quartier retrouve une tranquillité quasi provinciale. Chez Fernando, le bistrot de la rue de l’Arbalette, le patron a sorti les cartes pendant qu’à la télé le match de foot de cette fin de journée fait galoper des taches bleues et rouges après le ballon. Les cartes c’est sacré et tant pis pour les footeux, chacun se concentre sur son jeu et mitonne son prochain pli.
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Les touristes comme les parisiens lèvent le nez en passant devant le Panthéon, oubliant de jeter un oeil à une merveille d’église, nichée sur le côté gauche, place Sainte Geneviève : Saint Etienne du Mont. Rien que le jubé mériterait votre visite, dentelle de pierre qui sépare le choeur de la nef de ses volutes et lance deux escaliers admirables autour des deux piliers latéraux. On doit ce jubé à un certain Biart le Père auquel je tenais à rendre hommage et qui édifia cette merveille vers 1545.
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Il y a des quartiers comme ça où il fait bon se promener, sentir la vie, faire les vitrines, donner quelques pièces au joueur d’accordéon et papoter un peu en achetant ses légumes avant d’aller s’asseoir à la terrasse d’un petit café accueillant.
Et quand en plus quelques animations viennent égayer la matinée, comme ce madison dansé hardiment comme dans les surprises parties d’antan, alors le plaisir est complet.
© gérard Lavalette pour ParisCool, les photos de Paris