A deux pas de la prestigieuse manufacture des Gobelins, la rue Berbier du Mets, ancienne ruelle des Gobelins, aligne sagement les façades magnifiques d’un des côtés du Château de la Reine Blanche, auquel on accède par la rue Geffroy. La rue a été tracée sur le lit enfoui de la Bièvre. Ici les réverbères sont plus hauts, plus élancés, les murs osent des crépis qu’aucune peinture ne viendra recouvrir et les pierres qui marquent les angles s’arrondissent pour mieux vous laisser passer. Le petit chien m’avait bien repéré et me fixait d’un oeil mi curieux, mi goguenard en suivant sa maîtresse. C’était un bien beau matin, plein de taches de lumière et d’ombres profondes et fraîches.
L’histoire du pont de la Tournelle fait penser très fort au fameux sketch de la visite du château de Jacques Dufilho, dont la chapelle avait été entièrement, et plusieurs fois, détruite, brûlée et saccagée, mais que l’on visitait toujours. Le premier pont construit à cet endroit, ou du moins le premier dont on parle, le fut en bois, simple passerelle donc que les crues emportèrent bientôt. Le second, toujours en bois, fut emporté également quelques années plus tard, mais par les glaces cette fois. Comme on avait décidé de lotir l’île Saint Louis et que rien ne peut arrêter un bon projet immobilier, un pont sérieux devenait indispensable pour permettre à ses nouveaux habitants de gagner le quai saint bernard. Ce fut un certain Christophe Marie qui le rebâtit, en pierre cette fois. Six arches furent nécessaires pour résister aux flots tumultueux. Cela génait bien un peu la navigation fluviale, mais il résista mieux que ses précécesseurs, et il fallut attendre la crue de 1910 pour lui faire entendre raison. Le courant déchaîné lui infligea ce que les architectes nomment joliment des désordres. On dut le détruire en 1918 et on se résigna donc au béton. Les architectes, Pierre et Louis Guidetti, eureut le bon goût de le parer de pierres de taille et le sculpteur Paul landowski plaça sur son unique pile une statue de sainte Geneviève. Depuis, la patronne de Paris veille sur les destinées du pont de la Tournelle.
Les cours du Louvre et les quais de Seine communiquent au niveau de la place et du pont du Carrousel par quelques arcades aménagées entre le Pavillon de Trémoille et le Pavillon de Lesdiguières. Quant à cette aile du Palais, elle date d’Henri IV, beau parrainage pour le quai François Mitterrand. Moins fréquentéee que la cour Napoléon et sa fameuse Pyramide toute proche, interdite de trépied pour les photographes, ce coin garde tout son charme, en particulier en fin d’après-midi, quand les ombres s’allongent sur les pavages.